BLOG - LUNA FERRANTE

Casse-Noisette

Carnet culturel : 3e période

Ballet : Casse-Noisette

Où ? Au forum de Liège

Avant de commencer

En 1816, Ernst Theodor Amadeus Hoffmann écrit la première version de Casse-Noisette : “Casse-noisette et le Roi des souris”. Celle-ci raconte l’épopée d’une jeune fille, Marie, le soir de noël. Elle reçoit un cadeau de son oncle : un casse-noisette. Mais en se disputant avec son frère, il se casse. L’oncle le répare, heureusement, et ils vont dormir. Pendant la nuit, Casse-Noisette prend vie et emporte Marie dans une aventure contre les souris. L’auteur français Alexandre Dumas revisitera l’histoire et inspira Tchaïkovski dans la composition du ballet qui fera sa première représentation en 1892. C’est Marius Petipa qui s’occupera de la chorégraphie. Le prénom de Marie deviendra Clara dans le ballet. Les différences entre les deux versions de l’histoire résident dans l’ambiance de l’univers. Dans celle d’Hoffmann, le conte est complexe, parfois même sombre, critiquant une éducation trop stricte et un manque cruel d’imagination dans la société. Celle de Dumas est féerique et plus adaptée à un jeune public. Quant à moi, j’ai toujours apprécié l’univers du conte de Casse-Noisette sans toujours avoir une idée fixe de son histoire. Je n’ai jamais su s'il s’agissait d’une histoire avec un monde fantastique ou si la petite Clara rêvait simplement. Quand j’étais petite, j’avais un ou deux livres sur le conte. Ma grand-mère, fan de musique classique, m’a fait écouter les compositions de Tchaïkovski de Casse-Noisette.

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann

Alexandre Dumas

Alexandre Dumas

Tchaikovsky

Tchaikovsky

Avec la période de Noël, j’avais regardé deux films du Casse-Noisette. D’abord celui de 2010, avec Elle Fanning, très classique. Je m’attendais à un monde féérique mais ça ne l’était pas vraiment. Et une sorte de deuxième volume du conte, sorti en 2018, beaucoup plus fantaisiste. J’ai même commencé à écouter l’album entier. Bref, j’étais à fond dedans. Puis, un jour, je vois que le ballet de Naples est en tournée pour le ballet du Casse-Noisette et qu’il passe à Liège. Je saute sur l’occasion, je demande à mes parents et je prends un ticket illico. En plus, avec la fin de la période des fêtes, l’ambiance était plus morose. Alors j’étais heureuse à l’idée d’avoir quelque chose de prévu pour la fin du mois. 

Le ballet m’a toujours attiré : la musique, le cadre, les danseuses et les décors sur scène. Je trouve ça majestueux. Ce n’était pas mon premier ballet : je suis allée voir le Lac des cygnes avec ma grand-mère et Gisèle avec Lily et ses grands-parents. Mais cette fois-ci j’étais seule. 

Mon expérience sur place

Mon arrivée

Quand je suis arrivée, je ne comprenais pas. J’étais censée m’asseoir à mon siège mais il ne semblait pas exister. Je commence alors à tourner en rond. Et puis je me rends compte que j’avais un siège pliant (qui ressemblait à l’accoudoir du siège à côté tellement il était petit). Pour le déplier, il fallait le faire pivoter et séparer le dossier de l’assise. Ça n’était pas très confortable ni très pratique. Mais j’étais là.  

Ambiance

J’adore l’ambiance des spectacles, les lumières, les énormes rideaux, les moulures dorées qui ornent tous les murs. Les spectateurs sont élégants, tout le monde est impatient. On s’échappe de la réalité durant quelques heures pour regarder des danseurs, des musiciens qui ont longtemps préparé ce spectacle pour présenter quelque chose de maîtrisé. Mais c’est plus que ça : derrière, il y a les metteurs en scène, les décorateurs, les couturiers et costumiers, les maquilleurs, les ingénieurs sons… C’est le rendu d’un travail monstrueux. 

L'orchestre

Le chef d’orchestre est apparu. Les lumières se sont tamisées. Voici quelque chose que je n’avais jamais remarqué dans un orchestre : la harpe n’était pas à côté des autres instruments sur le parterre. Elle se situait dans le couloir juste à côté. J’ai remarqué que l’orchestre de Budapest était constitué de personnes plutôt jeunes et ça m’a impressionné. Ils ont joué une mélodie avant l’ouverture des rideaux. Je ne sais pas si ça faisait partie du programme du ballet ou si c’était une façon d’harmoniser les instruments entre eux avant de commencer le ballet. 

Dans cette version...

Dans cette version de Tchaïkovski, le ballet raconte une version qui s’inspire plus de la version de Dumas que celle d’Hoffmann. J’ai même appris que Tchaïkovski a critiqué ce choix. Le ballet se compose de deux actes.

Le premier acte se compose de quatre scènes principales. Tout d’abord, on voit les danseurs entrer dans la demeure des Silberhaus en tant qu'invités pour la veillée de Noël. Il y a une ambiance chaleureuse, tout le monde s’est apprêté pour l’occasion. Il y a des cadeaux partout. L’oncle Drosselmeyer fait aussi son apparition et entre en retard. Ensuite, les invités sont dans le salon et se saluent. Les danseurs-enfants arrivent et sont enthousiastes. Drosselmeyer actionne des poupées mécaniques : il est un imaginateur invétéré qui amuse tout le monde. Les enfants sont admiratifs. L’oncle sort le Casse-Noisette. Comparé aux autres poupées, il n’est pas très intéressant. Alors les enfants le délaissent. Sauf Clara. Drosselmeyer lui confie la poupée mais son frère Fritz la casse en voulant s’en emparer. Heureusement, l’oncle la répare. Vient alors le moment où les invités rentrent chez eux, lorsque minuit sonne. Tout le monde va dormir. Clara sort de la scène avec le Casse-Noisette en direction de sa supposée chambre. Puis, mystérieusement, Clara devient minuscule. Tout ce qui l’entoure lui semble énorme. Des souris sortent alors soudainement et saccagent les décorations de Noël. Ces dernières remarquent la jeune enfant mais avant qu’elles n’agissent, une armée de jouets dirigés par le Casse-Noisette viennent à son secours. Le Casse-Noisette affronte alors le roi des souris en duel mais ce dernier prend vite le dessus. Clara intervient et sauve son nouvel ami. L’oncle Drosselmeyer apparaît et change par magie le Casse-Noisette en un prince charmant. Clara et ce dernier partent ensuite dans un monde fantastique créé par Drosselmeyer. Enfin, la dernière scène avant l’entracte raconte le voyage des deux protagonistes. La salle se transforme en forêt hivernale scintillante. Les flocons dansent quelques instants et les escortent finalement au traîneau qui leur permettra de voyager.

Durant l’entracte, j’avais une quête principale : trouver le livret du ballet. C’est un joli souvenir. Alors j’ai fait le tour. Mais je ne trouvais pas la vendeuse qui parcourait les allées et que j’avais vu avant le début du spectacle. J’ai demandé à un employé s’il savait où elle était. Il parlait anglais et j’ai paniqué. J’ai fini par me faire comprendre et il m’a répondu qu’il n’y en avait peut-être plus. Malgré tout, il me conseillait d’arpenter les allées à sa recherche. Après avoir fait trois tours de la salle, je l’ai trouvée. J’étais trop contente. J’avais mon livret. Je me suis rassise à ma place et je me souviens avoir étudié je ne sais quelle interrogation en attendant que le spectacle redémarre.

L’acte deux est plus court que le premier : il y a trois scènes. C’est aussi celui où mes mélodies préférées du spectacle étaient jouées. Une première scène illustre des chauves souris poursuivant Clara et son prince durant leur voyage. Celles-ci avaient été envoyées par le roi des souris, toujours atteint par ses précédentes blessures. Mais les animaux nocturnes sont magiquement ensorcelés par des papillons. Ensuite, les deux voyageurs atteignent le royaume des friandises, un endroit rempli de jouets de Clara devenus vivants. Il y a une fanfare pour honorer leur arrivée. Diverses nationalités de danseurs-poupées sont représentées : espagnoles, russes, arabes, chinoises… Il y a même le Loup et la Bergère. Ensuite il y a les magnifiques musiques Valse des fleurs ainsi que Pas de deux pour le final. Cela figure d’ailleurs peut-être parmi mes musiques classiques préférées. La scène s’obscurcit : on sent que c’est la fin de leur aventure. Il y a une toute dernière scène, dans la chambre de Clara : celle-ci se réveille doucement aux côtés de son cher Casse-Noisette, tout en se remémorant l’incroyable périple qu’ils ont vécu.

Ce que j'ai observé

Visuellement, c’était très joli. C’était même fascinant. Les jeux de lumières apportaient un contraste entre les différentes scènes. Si c’était une scène plus légère, comme le soir de Noël, les lumières étaient tamisées. Et s’il s’agissait d’une scène dans le monde de Drosselmeyer, alors les lumières étaient dans les tons de bleu et rose. Au contraire, si les méchantes souris entraient sur scène, les lumières se faisaient moins fortes, plus sombres. Les costumes étaient très variés et très travaillés. Chaque pièce était unique et correspondait bien au rôle du danseur. Les décors étaient colorés, très créatifs, et surtout, ils brillaient. J’ai trouvé que c’était parfait : ces grandes fresques nous plongeaient dans un univers captivant. Un monde empreint de magie dans lequel on se sent confortable car il nous rappelle les histoires fantastiques qu’on lisait enfant. Il y avait trois tapisseries principales. Une première, où l’on voit le portail et la maison de l’extérieur lorsque les invités entrent. Une seconde, dans le salon de la maison où trône une cheminée dont l’âtre semble crépiter. Un sapin décoré se situe à la droite de cette cheminée. Des moulures ornent le mur et donnent une impression de profondeur. C’est dans cette scène que l’on voit apparaître la poupée du Casse-Noisette. J’étais déçue car celle-ci était faite de tissu, comme une peluche. Je l’avais imaginée en bois, comme un objet ancien et authentique. Et puis le troisième décor, lorsque Clara est transportée dans cet univers magique. La fresque donne sur une énorme horloge mystique, dorée. Sûrement en référence à l’oncle horloger qui a confié le Casse-Noisette à Clara. Les heures étaient en chiffres romains. Mais quand on regarde de plus près, on s'aperçoit que ce ne sont pas des heures qui sont de notre convention. J’avoue que je ne sais pas vraiment pourquoi c’était le cas. Il y avait aussi un signe astrologique correspondant à chacun des chiffres romains. Il y avait beaucoup d’ornements, de feuilles sculptées dans les colonnes. Derrière la grande horloge se trouvaient des feux d’artifices luisant dans la nuit. Le décor du salon revient en fin de spectacle lorsque la jeune fille revient de son aventure. Je préférais le décor avec l’horloge car c’était le plus créatif.

Interprétation et appréciation

1. Interprétation. L'œuvre a été modifiée à plusieurs reprises au fil du temps, donc pour l’interprétation, je m’exprime particulièrement par rapport à la représentation que j’ai vue. Je pense que ça parle avant tout de l’imagination et peut-être aussi de la découverte des émotions et de leur complexité en tant qu’enfant. J’ai remarqué que les auteurs font référence à une fable de Lafontaine, le Loup et les Bergers. De plus, Casse-Noisette est devenu un véritable classique durant la période de Noël. Au-delà de ça, il paraîtrait que le ballet symboliserait la transition de l’enfance vers l'adolescence ainsi que le début des sentiments amoureux. Le Casse-Noisette est présenté comme une figure protectrice. Il s’agit aussi de lutte contre les forces du mal avec la dualité entre le Casse-Noisette et le roi des souris.

2. Appréciation. Je pense que cela se devine : j’ai aimé l’expérience. J’ai trouvé que tout était agréable à regarder et à écouter. Il m’est déjà arrivé de trouver le temps long durant un spectacle, mais pas dans ce cas-ci. C’était juste assez pour profiter du moment. C’est un ballet que je pourrais aller revoir. J’apprécie ce côté théâtral lié à la danse. Ce sont deux domaines que j’adore. Cette façon de diriger une histoire en dansant si gracieusement m’impressionne.

En conclusion

En conclusion, c’est un travail que j’ai aimé réaliser. Ce travail mené sur deux ans m’a appris beaucoup de choses sur les sujets que j’ai choisis. En effet, pour le carnet culturel, nous sommes incités à réfléchir sur ce qu’on a expérimenté alors que nous ne le faisons pas toujours. Nous consommons sans arrêt un grand nombre de contenu chaque jour. Mais nous ne prenons pas toujours le temps de méditer sur ce que nous avons vu/écouté/lu… Ce n’est pas fait exprès : on n’a parfois pas le temps de s’y intéresser, ou on a la paresse de le faire. Mais pour moi, c’est important de rester curieux, de se poser des questions et d’approfondir nos recherches quand on a l’occasion. Et c’est exactement ce que ce carnet culturel permet de faire et ce que j’en retiendrai. Le ballet du Casse-Noisette, je l’avais vu, je l’avais apprécié, mais je n’avais développé à personne pourquoi je l'avais aimé. Je n’avais pas mis de mots sur ce que j’avais ressenti ou remarqué. Je n’avais pas pris le temps de constater exactement ce qui m’avait plu. J’ai pu aussi faire quelques recherches supplémentaires et préciser mes connaissances sur le sujet. Je dirais tout de même que ma vision de la culture est essentiellement restée la même. Mais à présent, elle occupe une place encore plus importante dans ma vie. Je me dis aussi que c’est ce qui peut nous relier les uns aux autres. Toutes ces œuvres, ces créations, le monde entier peut généralement l’expérimenter lui aussi. De plus, de nos jours, il y a de nombreux systèmes qui nous permettent de partager notre passion sur un domaine et de communiquer avec ceux qui éprouvent le même intérêt. Je pense notamment à Letterboxd et Goodreads. Selon moi, pour pouvoir expérimenter la culture, il faut être ouvert. C’est ce qui nous permet d’apprendre, de s'intéresser à quelque chose, puis à une autre, et de la partager. C’est ce qui forge notre identité.

Merci !!